Conseil d'écriture n°23 : écrire, ce n'est pas que thérapeutique !
Cette semaine, mon conseil d’écriture est le suivant...
Si l’acte d’écrire peut avoir des vertus cathartiques et l’écriture peut parfois être recommandée dans le cadre de thérapies, il ne faut pas oublier que le travail de création littéraire va bien au-delà du simple fait de jeter ses pensées les plus intimes sur le papier. En d’autres termes, avoir une vie riche ne fait pas de nous des écrivains.
Pour qu’un texte soit recevable et lisible par un lecteur autre que vous-même ou vos proches, il est essentiel d’avoir le recul et les outils adéquats, de fournir le travail nécessaire pour faire de son matériau une œuvre littéraire.
Aussi, mon parti pris est de dire que l’aspect thérapeutique de l’écriture n’est qu’un point de départ, ou une conséquence de l’acte d’écrire, mais en aucun cas une fin en soi lorsqu’on souhaite être lu.
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Pour certains auteurs, c’est même l’inverse : écrire n’est pas thérapeutique, au contraire, c’est une souffrance.
Cette semaine, je suis à Madrid. Je souhaite donc rendre hommage à Jorge Semprun, un auteur d’origine madrilène dont l’œuvre littéraire était majoritairement rédigée en français.
Dans L’Ecriture ou la vie, Jorge Semprun dit : « Le bonheur de l'écriture n'effaçait jamais ce malheur de la mémoire. Bien au contraire : il l'aiguisait, le creusait, le ravivait. Il le rendait insupportable. »
Pendant près de 20 ans, Jorge Semprun a été incapable de toute production littéraire car selon lui, son existence était mise en danger par l'écriture de l'indicible, celle de sa terrible expérience de déporté.
On voit bien que dans certains cas, écrire ne permet pas d’évacuer sa détresse ; au contraire, cela peut réveiller de vieilles blessures. Il faut donc en être conscient avant de se lancer dans l’écriture et avoir le courage d’affronter ses propres démons.
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Si écrire permet indéniablement de faire un travail sur soi, notamment sur sa capacité à se discipliner, les ateliers que je vous propose ne sont pas un espace où l’on se confie sur ses problématiques thérapeutiques.
A l’atelier d’écriture by Christine, toutes les techniques enseignées et les exercices proposés mettent en valeur le travail de la langue, la construction de personnages, la structure du récit, et non pas ses propres enjeux personnels.
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Alors écrivez, non pas pour guérir, mais pour le plaisir de raconter des histoires, et retrouvez-moi bientôt pour un nouveau conseil d’écriture !