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Conseils de lecture : 8 classiques de la littérature à découvrir ou à relire

En janvier de l’année dernière, je me suis lancé le défi de ne lire que des œuvres de la littérature classique pendant toute l’année 2023. Pourquoi ce défi ? Plusieurs raisons :


  • Comme le dit Italo Calvino dans Pourquoi lire les classiques ? : « On devrait consacrer, à l’âge adulte, un temps à la redécouverte des plus importantes lectures de sa jeunesse. Car, si les livres ne changent pas (mais en réalité ils changent à la lumière d’une perspective historique différente), nous-même avons changé, et nos retrouvailles avec eux sont des événements nouveaux. »

  • L’un de mes objectifs d’écriture pour 2023 était de travailler mon style. Or, les plus grands stylistes de la littérature sont rarement nos contemporains, mais plus souvent des grands auteurs morts et enterrés.

  • Fidèle à ma valeur d’exigence, je voulais plonger dans des textes traditionnellement jugés difficiles à lire, et peut-être me laisser surprendre par la facilité d’accès de certains titres anciens.

  • En 2023, le club de lecture by Christine a vu le jour. Une manière plus interactive de transmettre mes conseils de lecture. Pour cette première année de programmation, j’ai choisi comme thématique « la littérature classique, française et étrangère ». Il était donc naturel que je m’immerge totalement dans ce choix littéraire.


Bilan : un défi presqu’entièrement relevé, puisque je me suis tout de même autorisée un roman de la rentrée littéraire en fin de l’année (L’Enragé de Sorj Chalandon).


Voici, sans plus attendre, ma sélection des titres de la littérature classique qui m’ont le plus marquée, parmi une cinquantaine d’œuvres lues en 2023.



Conseils de lecture 2023

 

1. Le Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde (1890)


The Picture of Dorian Gray

Il y a trente ans, alors que j’étais en classe de 5e, mon professeur d’anglais me glissa dans la main un livre un peu usé. « Lis ça, » me dit-elle. « Celui-ci n’est pas au programme, il m’appartient. Alors il s’appelle Reviens. » 


En me faisant découvrir cette œuvre majeure de la littérature anglaise, dans sa langue originale, Madame Vié m’ouvrait les portes d’un monde que je n’aurais sans doute pas exploré seule (ou alors beaucoup plus tard). De plus, lorsqu’un adulte vous fait comprendre que vous êtes capable d’aller plus loin, que même à l’âge de douze ans on peut lire des textes pour adultes — en anglais, qui plus est — alors on saisit cette confiance à la volée et on s’y accroche comme au plus précieux des cadeaux qu’on puisse recevoir en tant qu’adolescent.


J’ai commencé l’année 2023 avec cette lecture. La recherche de la beauté et de la jeunesse éternelles de Dorian Gray, personnage principal de l’histoire, m’a laissée aussi pantoise qu’à l’époque de ma première lecture. Sans doute ne partage-je donc pas la même obsession que le dandy. J’ai cependant apprécié redécouvrir les envolées (parfois longueurs) lyriques d’Oscar Wilde.

 

2. Frankenstein ou le Prométhée moderne de Mary Shelley (1818)


Frankenstein ou le Prométhée moderne

Un des titres de la programmation 2023 du club de lecture by Christine, Frankenstein, pour ceux qui l’ignorent, n’est pas le nom de la créature, mais celui de son créateur : le professeur de chimie Victor Frankenstein. Ce que l’on ignore aussi parfois de cette œuvre — et qui est sans doute encore plus étonnant — c’est qu’elle a été écrite par une jeune femme de dix-neuf ans, Mary Shelley, épouse du plus célèbre Percy Shelley.


Il faut lire Frankenstein en se souvenant que ce roman a été écrit en 1816. On réalise alors la portée visionnaire de l’œuvre de Mary Shelley. L’humain, se pensant supérieur, s’amuse à enfreindre les lois de la nature et le paye de la façon la plus effroyable qui soit.


L’autre point d’intérêt de cette œuvre est sa structure romanesque, très différente de l’arc narratif traditionnel. On est ici en présence d’une construction en abyme, qui imbrique trois récits : celui du capitaine Walton, de Victor Frankenstein et de la créature. Puis on revient au récit de Frankenstein, pour finir sur celui de Walton. La boucle est bouclée ; la conclusion est sans appel.

 

3. Lolita de Vladimir Nabokov (1955)


Lolita de Nabokov

Au risque de choquer la bien-pensance de notre époque, Lolita de Vladimir Nabokov demeure à mes yeux un chef d’œuvre absolu que tout lecteur devrait avoir lu. On peut s’offusquer du fait que le héros-narrateur soit un pédophile avéré, mais on ne peut nier le génie de l’auteur russe — qui, non, n’était pas pédophile lui-même (tous les romans ne sont pas forcément autobiographiques).


Chaque page de Lolita est une prouesse lyrique, lexicale (plusieurs mots rares à la ligne), narrative (on s’attache malgré soi à Humbert Humbert). A lire en mettant de côté ses opinions personnelles et en s’intéressant avant tout au travail d’écriture de Nabokov, d’une méticulosité exceptionnelle.

 

4. L’Œuvre d’Emile Zola (1886)


L'Oeuvre de Zola

Moins connu que d’autres tomes des Rougon-Macquart, L’Œuvre est mon roman préféré de la série. Lu pour la première fois à l’âge de quinze ans, je me souvenais encore en détails de certaines scènes marquantes, plusieurs décennies plus tard. Rares sont les livres dont on peut dire cela.


Le monde de l’art, la difficile percée des peintres impressionnistes, le Paris de la deuxième moitié du XIXe siècle, l’amitié indéfectible et son opposé — la trahison, ainsi que le travail acharné de l’artiste pour atteindre la perfection : toutes ces thématiques font de L’Œuvre un roman à la fois universel, intemporel, et pourtant au plus proche de son époque.

 

5. Des Souris et des hommes de John Steinbeck (1937)


Des Souris et des hommes

Autre titre de la programmation 2023 du club de lecture by Christine, Des Souris et des hommes est une exception littéraire en termes d’écriture : très court (32 000 mots) mais puissant, il est l’un des rares romans écrit entièrement du point de vue externe. Un exploit en soi, car ce point de vue narratif est extrêmement difficile à tenir sur la longueur d’un roman. En effet, à aucun moment le lecteur n’a accès ni aux pensées ni aux sentiments des personnages ; pourtant, on est Lenny, on est George, lorsqu’on lit Des Souris et des hommes. L’émotion, qu’elle soit violente ou attendrissante, passe sans qu’elle soit nommée.


 Il ne faut pas se fier à la langue, d'apparence grossière à certains moments, pour juger l'oeuvre. John Steinbeck était un auteur d'une très grande exigence, comme en témoigne son journal de bord, et aucun de ses choix lexicaux et narratifs n'étaient laissé au hasard.


Le dénouement de l’histoire, inoubliable, nous fait réfléchir — comme le fait tout grand roman — sur des thèmes universels tels que l’amitié, la solitude, la mort et la vacuité de la vie.


6.  La Planète des singes de Pierre Boulle (1963)


La Planète des singes

Avant de devenir une superproduction hollywoodienne aux multiples remakes et une franchise médiatique, La Planète des singes est d’abord un roman, écrit par un auteur français : Pierre Boulle.


Le livre, considéré comme un classique de la science-fiction, est une satire dystopique de l’humanité, de la guerre et de la science. Sur une planète éloignée mais semblable à la Terre, les singes sont l’espèce dominante, tandis que les hommes sont réduits à l’état sauvage.


Ecrit dans un style assez ordinaire, mais suivant une idée originale et une structure efficace, La Planète des singes est une lecture à la portée de tous, divertissante, qui invite aussi à une réflexion sur la place de l’Homme dans l’univers.

 

7. Le Mur invisible de Marlen Haushofer (1963)


Le Mur invisible

Autre titre de la programmation 2023 du club de lecture by Christine, ce roman méconnu, écrit par une auteure autrichienne, est également une dystopie publiée la même année que La Planète des singes.


Dans une langue très simple voire simpliste, et même répétitive, sans réelle structure narrative ni découpage par chapitre, Marlen Haushofer parvient pourtant à nous plonger de façon limpide et fascinante dans ce huis clos solitaire dont on ne sait quasiment rien. Au fil du roman, on s’attache à des petits choses, tout comme la protagoniste principale pour qui le fait de rester occupée est une question de santé mentale et de survie.

 

8. Les Soirées de Medan, recueil de nouvelles (1880)


Les Soirées de Medan

Guy de Maupassant a bercé mon enfance. J’ai tout lu de lui, ou presque. Parmi ses nombreux écrits, « Boule de suif » faisait partie de mes lectures « réconfort », celles vers lesquelles je retournais inlassablement pour m’évader d’un quotidien pesant.


Pourtant, l’histoire d’Elisabeth Rousset n’a rien de réjouissant ou de rassurant. Au contraire, la nouvelle de Maupassant, qualifiée de « chef d’œuvre » par son aîné et mentor Gustave Flaubert, met en scène, sans complaisance, la mesquinerie abjecte dont sont capables les humains.  


Durant cette année de lecture des classiques, j’ai eu envie de redécouvrir ce texte. L’occasion parfaite de lire Les Soirées de Medan, recueil de nouvelles dont « Boule de Suif » fait partie, et dont le meneur n’est autre qu’un certain Emile Zola.


Si l’on peut estimer que les six nouvelles qui composent Les Soirées de Medan sont de qualité inégales, ce qui les réunit, c’est une même thématique (la guerre franco-prussienne) et une même ligne éditoriale (s’éloigner des discours policés et patriotiques). Avec ce rejet de la bien-pensance, les six auteurs (Emile Zola, Guy de Maupassant, Joris-Karl Huysmans, Henry Céard, Léon Hennique et Paul Alexis) savaient qu’ils s’exposaient aux foudres de la critique. D’ailleurs, Zola n’hésite pas à l’écrire dans la préface : « Nous nous attendons à toutes les attaques, à la mauvaise foi et à l’ignorance dont la critique courante nous a déjà donné tant de preuves. Notre seul souci a été d’affirmer publiquement nos véritables amitiés et, en même temps, nos tendances littéraires. »


***


Si vous voulez découvrir d'autres titres à lire, rejoignez le club de lecture by Christine. Chaque mois, une nouvelle oeuvre est proposée :




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