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Conseils de lecture : mes coups de cœur de 2021

Dernière mise à jour : 18 oct. 2023

A la demande de plusieurs fidèles lecteurs de ce blog, voici mes nouvelles recommandations de lecture : une sélection de 8 livres, parmi les 70 titres que j'ai lus en 2021.




couverture du livre The Remains of the Day de Kazuo Ishiguro

C’est LA claque littéraire de l’année.


Cela faisait longtemps que je voulais lire The Remains of the Day (Les Vestiges du jour en français), le titre qui a mené son auteur à la consécration littéraire.


Kazuo Ishiguro, Prix Nobel de Littérature 2017, n’est plus à présenter. Pourtant, chacune de ses nouvelles publications étonne, fait de lui un écrivain « caméléon », par son éclectisme et son réalisme (bien qu’il s’inscrive aussi dans la science-fiction), et surtout, par son indéniable maîtrise.


Avant de lire The Remains of the Day, je n’avais lu de lui qu’un seul titre. Mais cet énorme coup de cœur littéraire m’a fait lire toute l’œuvre d’Ishiguro dans la foulée.


The Remains of the Day a pour protagoniste et narrateur Stevens, un majordome dans la plus pure tradition de l’Angleterre des années 1920-30. Un personnage, un pays et une époque dont, a priori, je ne peux que me sentir éloignée. Pourtant, l’universalité de la prose d’Ishiguro s’impose d’emblée. Dès les premières lignes, la voix de Stevens s’adresse au lecteur avec la même intimité que celle d’un proche. Ce qu’il vit n’a certes rien à voir avec ce que nous vivons en 2022, mais ses troubles et ses interrogations, tout en subtilité et en pudeur, trouvent leur résonnance chez le lecteur sensible et aguerri.


The Remains of the Day est l’un de ces rares livres qu’on a envie de relire aussitôt la dernière page terminée, pour revivre l’émotion littéraire qu’on vient de vivre, pour essayer de comprendre comment l’auteur s’y est pris pour créer une œuvre aussi magistrale.




couverture du livre Danser les ombres de Laurent Gaudé

Il est des livres qu’on veut à la fois dévorer – tant on s’impatiente de savoir ce que l’auteur nous réserve au fil des pages – et à la fois savourer, ligne après ligne, prendre le temps de s’imprégner de chaque phrase – tant le propos est profond, nous frappe droit au cœur. On voudrait que ces livres n’aient pas de fin, qu’ils se poursuivent indéfiniment, car on sait qu’une fois la lecture terminée, on ne sera plus tout à fait la même personne.


Laurent Gaudé, avec Danser les ombres, nous raconte le séisme qui ravagea Haïti en 2010, et confirme une fois de plus qu’il est l’un des rares grands auteurs de notre époque contemporaine.


« Est-il possible que l’urgence vous débarrasse de la difficulté d’être homme ? Qu’il y ait dans l’action face à la souffrance quelque chose de vif, de concentré qui vous soulage des tourments de l’inutilité et ressemble, une fois la journée passée, non pas au bonheur, mais à une sorte de satisfaction, parce qu’on a fait peu, mais de toutes ses forces ? »


(extrait de Danser les ombres de Laurent Gaudé, éditions Actes Sud, 2015.)



3. The Collector de John Fowles (1963) :


couverture du livre The Collector de John Fowles

C’est une publication du magazine Actualitté qui m’a rappelé l’existence de ce livre et donné envie de le lire. Dans l’article, nous découvrons que la librairie Le Furet du Nord à Lille propose à ses lecteurs une sélection de Feel Bad Books, comme contrepoids à la vague du Feel Good, un genre qui inonde les rayons. J’ai adoré l’idée ! D’ailleurs, elle a certainement contribué à planter les graines de mon projet d’écriture en cours, un recueil de nouvelles collectif dont je vous parlerai bientôt 😉


The Collector (L’Obsédé dans sa version française), est un thriller de John Fowles. C’est aussi le premier roman de cet auteur anglais, incontournable dans la deuxième moitié du XXe siècle. Le livre raconte l’histoire d’un homme somme toute banal, qui enlève et séquestre une jeune femme dont il est obsessionnellement épris.


L’originalité de la narration réside dans sa forme bipartite, avec d’abord le point de vue du ravisseur, puis celui de sa victime. Une intrigue qui peut mettre mal à l’aise, mais qui tient en haleine jusqu’au bout.




couverture du livre Heureux les heureux de Yasmina Reza

A mi-chemin entre le roman et le recueil de nouvelles, Heureux les heureux dresse le portrait d’une quinzaine de personnages que des liens unissent, et qui ont en commun la difficulté de se faire aimer de l’autre. C’est caustique, sarcastique à souhait, de l’humour grinçant et fringant. Du Yasmina Reza comme on l’aime !


« Quand j'ai entendu ça, j'ai repensé à la phrase de mon ami Serge, au moment où il débutait son Alzheimer. Il voulait se rendre, pour je ne sais quelle raison, rue de l'Homme marié. Personne ne savait où était cette rue de l'Homme-marié.

On a fini par comprendre qu'il parlait de la rue des Martyrs. »


(extrait de Heureux les heureux de Yasmina Reza, éditions Flammarion, 2013.)




couverture du livre Que voit-on quand on lit de Peter Mendelsund

Cet ouvrage pourrait appartenir à la catégorie du livre-objet, tant sa mise en page est originale et ludique. Rien d’étonnant, car l’auteur, Peter Mendelsund, est directeur artistique chez Albert A. Knopf et designer de couvertures de livres. Un joli cadeau à offrir à vos amis amateurs de livres (c’est d’ailleurs un ami qui me l’a offert).


En plus d’être un réel plaisir pour les yeux, on découvre dans cet ouvrage une réflexion sur l’expérience de la lecture, ainsi que des précieux conseils pour développer sa créativité. L’une des théories que soulève Mendelsund est la suivante : en création, l’imagination vient de notre mémoire. Un précepte qui m’accompagne depuis dans mon travail d’écrivain.



couverture du livre The Year of Magical Thinking de Joan Didion

La grande Joan Didion nous a quittés en 2021, après soixante-cinq ans de carrière comme romancière, essayiste et scénariste.


Dans The Year of Magical Thinking (L’Année de la pensée magique en français), elle relate la mort de son mari John Gregory Dunne, survenue l’année de leur 40ème anniversaire de mariage. La prose de Joan Didion est à la fois sincère et détachée, un tour de force littéraire pour aborder frontalement cette terrible réalité : celle que certains deuils sont impossibles à vivre.




couverture du livre Le grand roman de l'écriture de Pierre Ménard

Enfin un livre en français qui ose démystifier les réalités du métier d’écrivain. Extraits :


« Bravant un taux d’acceptation moyen de 0,06 %, l’écrivain du dimanche aurait donc 65 fois plus de chances d’intégrer l’ENA, 123 de s’asseoir sur les bancs inconfortables d’HEC et 131 de revêtir l’uniforme de Polytechnique que de se faire éditer. »


« Je préviendrais tout écrivain débutant que, sauf miracle, il ne vivra pas de sa plume, et que ses livres rencontreront a priori un presque anonymat. »


« Dans le cas malheureux où vous croyez à votre talent, mais êtes bien le seul, ne perdez pas espoir. Rien de grand ne se fait sans persévérer. Imagine-t-on jouer le Concerto pour la main gauche de Ravel quelques mois seulement après s’être mis au piano ? Ceux qui aiment les succès faciles, les voyages d’affaires et les émoluments généreux doivent impérativement se tourner vers d’autres carrières. »


Tout au long de son essai, Pierre Ménard cite aussi un grand nombre d’auteurs, classiques et contemporains et nous révèle leurs pratiques :


« Deux choses sont indispensables dans l’écriture : la discipline et la disponibilité, explique Nicolas Mathieu. Si vous voulez écrire, il faut dégager du temps et cela s’organise. Vous ne pouvez pas écrire un jour puis vous arrêter pendant trois, reprendre une heure un soir… Écrire, c’est un job, ça ne s’improvise pas. »


« Tout écrivain, pour écrire nettement, doit se mettre à la place de ses lecteurs. » - La Bruyère.


Un livre sans complaisance qui nous offre une foultitude de conseils concrets si l’on est décidé à prendre l’écriture au sérieux.




couverture du livre Nous, l'Europe de Laurent Gaudé

Une fois n’est pas coutume, je choisis de citer deux livres du même auteur, tout d’abord parce que je suis une fane absolue des livres de Laurent Gaudé, ensuite parce que j’ai eu la chance de rencontrer personnellement l’auteur en 2021 🤩, et enfin, parce qu’à la lumière de notre actualité du moment, ce long poème en prose louant l’Europe est à lire absolument.


Christine Leang offre son roman à Laurent Gaudé.
Christine Leang offre son roman à Laurent Gaudé.

La poésie n’a jamais été mon genre de prédilection, mais régulièrement, je mets en application le conseil de Ray Bradbury selon lequel lire de la poésie fait partie de l’hygiène de l’écrivain, quel que soit le genre dans lequel il s’inscrit.


Vous trouvez que nous vivons une période troublée ?

Vous sentez le souffle de l’Histoire et il vous arrive d’avoir peur,

De vous demander de quelle fièvre est prise notre époque ?

Vous vous effrayez de voir que, d’un coup, l’inquiétude devient l’humeur des peuples ?

Pensez à Hugo et à son exil.

Pensez à Garibaldi qui a traversé l’Atlantique, s’est battu au Brésil, en Argentine, en Uruguay,

Le “Héros des Deux Mondes” épuisé d’une vie de blessures

Qui continue jusque dans ses vieux jours et lutte encore à Dijon, à l’âge de soixante-quatre ans, alors qu’il peine à monter sur son cheval.

Il n’y a pas d’époque paisible.


(extrait de Nous, l'Europe : Banquet des peuples de Laurent Gaudé, éditions Actes Sud, 2019.)


***


Cette année, je ne cite aucun livre de la rentrée littéraire, car aucun de ceux que j’ai lus n’a été un coup de cœur. En revanche, j’ai lu et continue de lire de nombreux titres en anglais car je travaille moi-même à un roman en anglais, ma deuxième langue d’écriture. Tous les livres sus-mentionnés ont été traduits ; aussi, si vous ne lisez pas en anglais, vous les trouverez en français sans grande difficulté.


Et vous, quels sont vos coups de cœur littéraire en 2021 ? N’hésitez pas à partager vos recommandations en commentaires ! 🙂


***


En plus du plaisir de la lecture, savourez le plaisir de discuter de lecture avec d'autres passionnés en rejoignant le Club de lecture by Christine. Chaque mois, un nouveau titre est proposé :


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