Nous sommes heureux de retrouver Maxime Krummenacker, ancien participant de nos ateliers d'écriture, et également membre du collectif d'auteurs du recueil En Marge (éditions Pacifica, collection Elan, 2023), pour sa dernière publication.
Concours littéraire des Fêtes de Bayonne
Maxime a reçu le 5 juillet 2024 le titre de grand lauréat de l’édition française du concours littéraire des Fêtes de Bayonne, grâce à sa nouvelle « Roxanne ». Créé par l'association Le Basque et la Plume, il s'agissait de la deuxième édition du concours d'écriture, réunissant un jury de professionnels parmi lesquels l'écrivain et critique littéraire Frédéric Beigbeder, et Florence Delay, membre de l’Académie Française depuis 2000.
Christine Leang : Bonjour Maxime, félicitations pour cette récompense littéraire ! Qu'as-tu ressenti lorsque Frédéric Beigbeder t'as remis le trophée vendredi dernier ?
Maxime Krummenacker : Merci Christine. C'était un grand moment, évidemment ! J'ai commencé à prendre goût à ce type de rencontres lors de la soirée de lancement de notre recueil En marge, il y a un an de cela. A la cérémonie de remise des prix du concours des Fêtes de Bayonne, Frédéric Beigbeder a eu des mots encourageants en présentant ma nouvelle, qu'il a trouvée sombre, voire « trash », mais moderne et réussie. Ça fait quelque chose d'entendre ces paroles de la part d'écrivains confirmés et reconnus. Je l'ai vécu comme une vraie reconnaissance.
Christine : Le thème du concours cette année était « Ombres & lumières ». Comment as-tu eu l'idée de ta nouvelle ? De quoi parle-t-elle ?
Maxime : L'idée de cette nouvelle me trottait dans la tête depuis la précédente édition du concours, lancé en 2023 ; mais je n'avais pas pris le temps d'y participer alors. Cette année, mon frère m'a envoyé l'information dès que le concours a été annoncé à l'automne dernier, et quand j'ai vu que la thématique était « Ombres & lumières », j'ai tout de suite su que je devais écrire cette nouvelle. On y suit un jeune dealer qui cherche à retrouver sa copine dans la foule des Fêtes. Une déambulation entre ombres et lumières, dans tous les sens du terme, depuis les bas-fonds jusqu'à l'amour le plus fou.
Tu rentres, t'achètes ton shit, tu sors. Pas de chichi.
« Roxanne » de Maxime Krummenacker, nouvelle lauréate du concours littéraire des Fêtes de Bayonne (éditions Atlantica, 2024).
Christine : As-tu mis beaucoup de temps pour écrire ta nouvelle ? Combien de versions as-tu écrites ? L'as-tu faite relire à plusieurs personnes avant de l'envoyer ?
Maxime : J'ai écrit le premier jet en deux jours, l'idée principale étant déjà là. Puis j'ai pas mal retravaillé le texte pour consolider la tension dramatique, ajuster le ton de la voix du personnage, et affiner les scènes qui décrivent le décor bayonnais durant les Fêtes, au cœur du concours. Quand j'ai eu un texte lisible, je l'ai fait relire à quelques personnes de confiance, dont toi, pour recueillir leurs avis et remarques. Ça a été très utile. Après, certains m'ont dit que ça ne passerait jamais, le sujet étant traité de manière trop critique. Mais j'étais convaincu qu'il fallait l'envoyer tel quel, et j'ai bien fait, manifestement.
Christine : Penses-tu qu'un auteur doit s'adapter aux attentes du lectorat ? Ou qu'au contraire, écrire c'est prendre des risques, notamment celui d'exposer sa propre vision, même lorsqu'elle est non consensuelle ?
Maxime : Je ne vis pas de ma plume ; je n'ai donc personne à contenter dans mon activité d'écrivain. C'est un espace de liberté et d'exploration qui perdrait tout son sens si je devais commencer à écrire pour répondre aux attentes des autres. Si un jour mes récits touchent un public, c'est que ce dernier aura trouvé de la justesse dans ce que j'écris, et non l'inverse.
Christine : En 2020, tu as participé à un stage proposé par L'atelier d'écriture by Christine. En 2022, tu as fait partie du collectif d'auteurs du premier recueil de la collection Elan. Ces deux expériences ont-elles eu une incidence dans ton parcours d'écrivain ?
Maxime : Totalement. La première m'a fait réaliser que je devais me consacrer plus sérieusement à l'écriture ; la seconde m'a apporté les clés de la rédaction d'une nouvelle. J'ai acquis une méthode très rigoureuse en rédigeant « Le bureau de change » pour le recueil En marge paru chez Pacifica, grâce à ton initiative et ton soutien. Je pense vraiment que ça a fait la différence d'avoir un texte qui suit un arc narratif précis, avec une entrée en matière directe, un apex dans la narration et une chute franche et incisive.
Christine : Pourquoi l'écriture ? Qu'est-ce que cette activité t'apporte ?
Maxime : Je n'ai jamais rêvé d'écrire ni devenir un grand écrivain, ou peut-être n'ai-je jamais osé penser que c'était pour moi, même si, quelque part, j'ai toujours su que je voulais dire des choses. Ce que j'aime le plus dans l'écriture, c'est d'avoir toujours un projet en tête, qui tourne constamment à bas bruit et qui me permet de focaliser mon attention sur certains détails du quotidien auxquels je ne prêterais peut-être pas autant d'attention en temps normal. C'est comme d'avoir un jardin secret qu'on entretient en permanence par la pensée. C'est très stimulant.
Christine : Au quotidien, tu exerces un métier à temps plein et tu es père de famille. Comment parviens-tu à dégager du temps pour écrire ?
Maxime : C'est vrai que j'ai commencé à écrire de façon plus régulière depuis que je suis père de famille et je me demande pourquoi pas avant, quand j'avais du temps. Il faut croire que c'était un processus long et complexe pour en arriver là, ou peut-être tout simplement un besoin de maturation. Il fallait d'abord assurer le quotidien, construire sa vie, avant de pouvoir se poser pour écrire ses pensées. Concernant mon rythme, j'écris essentiellement le soir, une fois la journée terminée et que les enfants dorment, bien que je sois plutôt du matin. Un peu tous les jours dans l'idéal, même si ce n'est pas toujours évident.
Christine : Et la suite ? As-tu d'autres projets d'écriture ?
Maxime : Oui, je travaille à la rédaction d'un premier roman. L'histoire se déroule entre la Suède et la France. C'est l'histoire d'un spin doctor cynique qui bascule dans la folie, en proie à des douleurs inexpliquées. L'écriture avance lentement, mais je vois le bout du tunnel. Et le fait d'avoir été primé au concours d'écriture des Fêtes de Bayonne m'a redonné un élan bienvenu pour trouver le courage d'aller au bout de ce projet de longue haleine. Un quick win, pour parler en bon français !
Interview menée par Christine Leang, fondatrice de L'atelier d'écriture by Christine.
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