Nous avons eu le plaisir de retrouver Camille Colva, participante de nos ateliers d'écriture et auteure de trois romans auto-édités. Elle vient de remporter le prix de la nouvelle 2024, délivré par le magazine Femme Actuelle Jeux Extra, les Éditions Prisma et la plateforme d'auto-édition Book on Demand. Le jury était présidé par l'écrivain Philippe Delerm.
Bonjour Camille Colva. Tu es la grande gagnante du concours de nouvelles organisé par Book On Demand et Femme Actuelle. Félicitations ! Comment as-tu réagi à l'annonce des résultats ?
Je venais de rentrer de dix jours de vacances et littéralement, au moment de passer la porte, j’ai regardé mon téléphone et surprise… le mail inattendu. J’étais la gagnante du concours de nouvelles !
J’ai lu le mail à mon chéri, à moitié en pleurant. Je suis ensuite allée à mon cours d’aquabiking et croyez-moi, faire du sport n’a jamais été aussi facile ! J’étais tellement portée par l’adrénaline que je n’ai pas du tout souffert du cours (sachant que je suis tout sauf une grande sportive).
J’ai par la suite su qu’il y avait plus de cent quatre-vingts participants à ce concours. Je n’avais jamais vraiment imaginé gagner. J’étais contente de ma nouvelle, je pensais avoir fait du bon travail (d’ailleurs, elle est en train d’être transformée en roman), mais avoir fait du bon travail n’implique pas du tout qu’on va gagner – en général, il y a toujours quelqu’un meilleur que soi.
Participes-tu souvent à des concours d'écriture ? Depuis combien de temps ?
Je ne dirais pas « souvent » ! J’ai participé aux deux derniers concours de nouvelles de L’atelier d’écriture by Christine. Je n’ai pas gagné, mais j’étais à chaque fois dans les dix premiers. Je trouvais ça bien que ce soit à chaque fois précisé, c’était une façon de dire « Même si tu n’as pas gagné, persévère ». Comme quoi, j’ai persévéré et j’ai eu raison, même si je ne désespère pas de gagner un concours de nouvelles de Christine un jour, si lointain soit-il 😊
Tu as déjà écrit trois romans. Quel est le point de départ d'un nouveau projet ? D'où te viennent tes idées ?
Pour le premier, c’est simple, mon inspiration a été la période de la pandémie et du confinement. L’idée m’est venue quelques mois après. On entendait beaucoup parler dans les médias de la façon dont le confinement était vécu par différents types de personnes : les femmes victimes de violences conjugales, les personnes âgées, les étudiants avec des petits boulots précaires non déclarés qui se retrouvent seuls dans des chambres de bonnes… J’avais envie d’explorer ces pistes et c’est comme ça que sont nées ces trois femmes d’âges et de milieux sociaux différents, mais toutes impactées par le confinement.
Pour le deuxième, je me suis inspirée de personnes que j’ai connues à l’université. J’ai changé les noms et je leur ai inventé des vies, mais il y avait toujours un point de départ. J’ai ensuite exploré le pire de la nature humaine. Les personnages lisses, parfaits, qui ne font jamais d’erreur, ne m’intéressent pas, de même que je n’aime pas écrire des happy ends. Mes fins sont toujours des « moyen ends ». 😊
Pour le troisième, sans doute le plus personnel, certains événements de ma propre vie ont été le point de départ, le divorce de mes parents par exemple, ou ma dispute avec ma meilleure amie du lycée, à laquelle je tenais beaucoup. Ensuite, j’ai brodé et modifié certains détails, et mon roman initiatique est né.
Actuellement, je travaille sur la rédaction de mon quatrième roman. Il est inspiré de la nouvelle qui sera publiée dans Femme Actuelle Jeux Extra en décembre 2024. Pour celui-ci, j’avais envie d’explorer un sujet très intéressant qu’on voit assez peu dans la littérature : les relations extra-conjugales émotionnelles. Celles où il « ne se passe rien » d’un point de vue physique, mais où il y a une véritable alchimie entre les personnages, souvent en couple, qui ne laisse planer aucun doute sur la nature de leurs sentiments. Le seul roman à ma connaissance à avoir vraiment traité le sujet est Daisy Jones & The Six de Taylor Jenkins Reid, un de mes livres préférés. Mais j’avais envie de sortir le sujet du cadre « stars du rock » et de le placer dans un bureau, avec Monsieur et Madame Tout-Le-Monde, des personnages auxquels nous pouvons plus facilement nous identifier.
Pour le moment, je n’en dirai pas plus ! 😉
Comment procèdes-tu ensuite pour écrire tes romans ?
J’admets être une « mauvaise élève » de la méthode de Christine puisqu’en général, je pars d’une page blanche et je fonce ! Je suis plus jardinière qu’architecte. Eventuellement, je vais avoir un cahier à côté, avec des infos sur les personnages, des événements que je veux leur faire vivre, ou des jolies citations inspirantes que je déniche dans mes lectures. Pour mon troisième roman, j’avais fait un arbre généalogique, mais il me servait surtout pour me rappeler des âges des personnages (comme il se déroule sur quatre époques différentes, c’était plus pratique pour moi d’avoir des dates de naissance bien définies). Mais en général, c’est une page recto-verso de carnet, pas plus !
Pour le temps que ça me prend, c’est très variable. Une fois que je suis lancée, je peux écrire beaucoup et très vite, et c’est pour ça que j’aime beaucoup faire les retraites d’écriture de Christine. Je peux produire jusqu’à vingt mille mots en un weekend si je suis bien concentrée. Le problème, c’est que j’ai souvent beaucoup de mal à m’y mettre. Stephen King a dit : « Si vous n’avez pas le temps de lire, vous n’avez pas celui d’écrire, ni les instruments pour le faire. » J’ai le problème inverse : je lis cent cinquante livres par an, et ne me consacre pas suffisamment à l’écriture !
Selon toi, quelle est la partie la plus difficile dans l'écriture de romans ?
La réécriture ! Je n’aime pas du tout ça. On dit souvent que le roman final, en termes de mots, c’est le premier jet moins dix pour cent. Moi, ça va être plutôt l’inverse, je vais en rajouter : j’ai tout faux. C’est pour cela que je vais bientôt suivre la formation « Retravailler un roman » proposé par Christine.
Pourquoi avoir choisi l'auto-édition ?
Ce n’était pas vraiment un choix voulu, j’avais commencé par envoyer mon premier roman à quelques maisons d’édition mais je n’ai pas reçu de réponse, ou alors des réponses négatives. Je n’en ai pas non plus tenté énormément mais j’avoue que la longue attente m’a un peu découragée. Une des maisons d’édition ne prenait que les versions papier des romans. L’imprimer, le relier, l’envoyer… ça m’a coûté cher, alors quand j’ai reçu un refus, j’étais un peu amère, même si je m’y attendais.
J’en avais assez d’attendre que la publication vienne à moi, et j’ai décidé de prendre les choses en main. Il y a certains avantages – c’est moi qui décide de ce que je mets dans mon roman, je peux choisir l’artiste qui fait mes couvertures, mon titre. Mais il y a aussi des inconvénients : je ne serai jamais aussi visible que les auteurs des grosses maisons d’édition.
Faire son auto-promotion, est-ce difficile ? Aurais-tu des conseils à donner aux personnes qui souhaiteraient elles aussi s'auto-éditer ?
Pour moi, ce n’est pas si difficile que ça, mais dans mon « vrai métier », je suis responsable communication, alors c’est mon domaine ! Mais je comprends que ce n’est pas évident quand on n’a pas l’habitude.
La communication est un élément à ne surtout pas négliger en auto-édition. On n’aura jamais une pub immense dans le métro comme Marie Vareille ou Maud Ventura… Alors, on ne doit jamais sous-estimer le bouche-à-oreille ! Harcelez les gens qui lisent et aiment vos livres pour qu’ils vous laissent des avis sur les principaux sites : Babelio, Amazon… C’est le seul moyen que vos livres gagnent en visibilité et soient vus par ces plateformes.
Autre élément à ne pas négliger : la mise en page ! Vous pensiez maîtriser Word car vous l’utilisez tous les jours au boulot ? Vous avez tort. En mettant mes livres en page, j’ai découvert la magie des « sauts de section » et autres joyeusetés. Dans les premières versions de mes romans (les versions « collector » 😉 ), la mise en page est faite un peu n’importe comment, avec les pages blanches numérotées. Ne faites pas ces erreurs, prenez le temps d’apprendre à faire la mise en page, ça donnera un rendu beaucoup plus pro. Ne vous précipitez pas.
Et troisième point : vous détestez Amazon ? Vous pensez qu’ils tuent les librairies ? Vous trouverez qu’ils ne sont pas éthiques ? Dommage, car si vous voulez vendre un tant soit peu, vous serez obligés de travailler avec eux – et ce, même si vous ne passez pas par Amazon pour vous auto-éditer. Les ebooks de mes deux premiers romans, je ne les avais mis que sur Kobo au départ, car je voulais éviter Amazon au maximum. J’ai vendu 34 ebooks du premier et 23 du deuxième. Pour le troisième, je l’ai tout de suite mis sur les deux plateformes, dès le 1er août… résultat des courses, 45 ventes sur Amazon, 8 sur Kobo. Le constat est sans appel…
A L'atelier d'écriture by Christine, nous te connaissons bien car tu as participé à plusieurs de nos stages. D'ailleurs, merci pour ta fidélité ! Quels bénéfices vois-tu dans le fait de participer à des ateliers ?
En 2022, j’ai fait la formation : « Approfondir les techniques de la narration ». Cela m’a beaucoup aidée dans la rédaction de mon deuxième roman, Jackie a dit. Le premier jet était déjà finalisé mais j’ai pu approfondir plusieurs aspects grâce à cet atelier. J’ai hâte de commencer « Retravailler un roman » au mois de novembre. Mon point faible étant la réécriture, autant me former dessus !
J’ai également fait deux retraites d’écriture, une en 2023 et une en 2024. Ça a été très bénéfique pour moi car j’ai souvent besoin d’un petit coup de pied pour « m’y mettre », et le fait d’être dans un cadre avec d’autres gens qui écrivent est très motivant. J’ai écrit le quart de mon troisième roman grâce à la retraite de 2023. (Sans ça, j’y serais sans doute encore…)
Dans le même objectif, il m’arrive de temps en temps de participer aux marathons d’écriture. Une seule idée en tête : me motiver !
Merci Camille Colva ! Que peut-on te souhaiter pour la suite ?
J’espère que la publication de ma nouvelle dans Femme Actuelle Jeux Extra va permettre aux ventes de mes romans de décoller. En auto-édition, ce n’est pas toujours facile de se démarquer par rapport aux auteurs qui ont pignon sur rue, sans compter que l’auto-édition a souvent mauvaise presse. La plupart des gens pensent encore que nous sommes les « déchets » dont l’édition traditionnelle n’a pas voulu, alors que la réalité est plus complexe…
Et avis aux Alsaciens, j’ai prévu de participer à deux salons prochainement ! Le premier, ce sera le salon Made in Alsace de Hésingue les 2 et 3 novembre. Ce n’est pas uniquement un salon littéraire, vous aurez l’occasion d’y trouver de l’artisanat régional et déguster des spécialités alsaciennes (miam). Je partagerai un stand avec l’autrice Clara Renard.
Le second, ce sera le Festival du Livre de Colmar, les 23 et 24 novembre. Je serai sur le stand d’une association locale, la Plume Colmarienne. Si vous pouvez me souhaiter quelque chose pour ce mois de novembre, c’est de vendre plein de jolis livres et de rencontrer des lecteurs enthousiastes dans ma région.
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