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Les écrivains au travail : Paul Auster

Le 30 avril 2024, l’écrivain américain Paul Auster nous a quittés. J’ai découvert Paul Auster en 2007, l’année où une maladie soudaine m’a contrainte à une longue inertie. C’est avec Tombouctou que j’ai plongé dans l’œuvre de ce grand romancier.  Et comme cela m’arrive parfois, ce coup de cœur littéraire a provoqué une obsession momentanée. Cet été-là, durant mes sept semaines de convalescence, j’ai lu dix de ses treize premiers romans. Paul Auster est sans conteste l’un des auteurs dont la lecture m’a poussée vers l’écriture.


portrait de paul auster

Un succès qui tarde à venir

 

En 1985, après que dix-sept éditeurs new-yorkais rejettent Cité de verre, le premier volume de la Trilogie new-yorkaise, il est publié par Sun & Moon Press à San Francisco. Les deux autres volumes, Revenants et La Chambre dérobée, sortent l’année suivante. Paul Auster a alors trente-huit ans. Bien qu’il ait écrit de nombreuses critiques et traductions auparavant, et que son recueil de poèmes Espaces blancs ait été publié en 1980, la trilogie marque le véritable début de sa carrière littéraire.


Auster a étudié à l’Université de Columbia à la fin des années soixante, puis travaillé quelques mois sur un pétrolier avant de s’installer à Paris, où il gagne sa vie comme traducteur. Il retourne à New York en 1974 et, entre autres projets, tente de vendre un jeu de cartes de baseball qu’il a inventé.


Depuis la Trilogie new-yorkaise, Auster publie un livre presque chaque année. Ses autres romans incluent Moon Palace (1990), La Musique du hasard (1991), Léviathan (1995), Le Livre des illusions (2002). L’écrivain américain a été fait chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres par le gouvernement français en 1991, puis élevé au rang d’officier en 1997.

 

L'interview de Paul Auster pour The Paris Review

 

A l’automne 2003, Michael Wood interviewe Paul Auster pour le magazine littéraire The Paris Review. L’écrivain new-yorkais se confie sur son travail, sur la vie, la mort. Extraits.


paul auster en train d'écrire

INTERVIEWEUR : Commençons par votre façon de travailler. Comment écrivez-vous ?

 

AUSTER : J’ai toujours écrit à la main. Le plus souvent avec un stylo plume, mais parfois avec un crayon, notamment pour les corrections. Si je pouvais écrire directement sur un ordinateur, je le ferais. Mais les claviers m’ont toujours intimidé. Je ne suis pas capable d’une pensée claire avec une machine. Le stylo est un instrument beaucoup plus primitif. L’écriture a toujours eu pour moi cette qualité tactile. C’est une expérience physique.

 

« Je ne peux pas imaginer quelqu’un devenir écrivain s’il n’est pas un lecteur vorace depuis son adolescence. »

 

INTERVIEWEUR : Quand avez-vous réalisé pour la première fois que vous vouliez devenir écrivain ?

 

AUSTER : Un an après avoir compris que je ne serais jamais un joueur de baseball professionnel.

 

INTERVIEWEUR : Du baseball à l’écriture, la reconversion est plutôt inhabituelle. L’écriture n’est-elle pas une entreprise très solitaire ?

 

AUSTER : Je jouais au baseball au printemps et en été, mais je lisais des livres toute l’année. C’était une obsession précoce, et elle n’a fait que s’intensifier avec l’âge. Je ne peux pas imaginer quelqu’un devenir écrivain s’il n’est pas un lecteur vorace depuis son adolescence. Un vrai lecteur comprend que les livres sont un monde en soi et que ce monde est plus riche et plus intéressant que tous ceux dans lesquels nous avons voyagé auparavant. Je pense que c’est ce qui transforme les jeunes hommes et femmes en écrivains : le bonheur que l’on découvre en vivant dans les livres.

 

INTERVIEWEUR : Quelles ont été vos premières influences ? Quels écrivains lisiez-vous au lycée ?

 

AUSTER : Les Américains, la plupart du temps : Fitzgerald, Hemingway, Faulkner, Dos Passos, Salinger. Durant mon année de Terminale, j’ai découvert les Européens, principalement les Russes et les Français. Tolstoï, Dostoïevski, Tourgueniev. Camus et Gide. Mais aussi Joyce et Mann. Surtout Joyce. Quand j’avais dix-huit ans, il dominait tout le monde pour moi.

 

INTERVIEWEUR : A-t-il eu la plus grande influence sur vous ?

 

AUSTER : Durant une période, oui. Mais à un moment ou un autre, j’ai essayé d’écrire comme chacun des romanciers que je lisais. C’était un peu comme essayer de nouvelles casquettes. Tout vous influence quand vous êtes jeune ; vous n’avez pas encore de style propre, alors vous imitez inconsciemment les écrivains que vous admirez.

 

INTERVIEWEUR : Vous avez écrit dans plusieurs genres. La poésie et la fiction, mais aussi les scénarios, l’autobiographie, la critique et la traduction. Ces genres sont-ils tous très différents, ou sont-ils liés d’une manière ou d’une autre ?

 

AUSTER : Ils sont liés, mais avec des différences importantes. Aussi, il faut tenir compte de la question du temps et de sa propre évolution intérieure. Je n’ai écrit aucune critique ou traduction depuis de nombreuses années. Ces deux types d’écriture m’ont absorbé quand j’étais jeune, de la fin de mon adolescence à la fin de la vingtaine. Cela consistait à découvrir d’autres écrivains, à apprendre à devenir moi-même écrivain ; il s’agissait de mon apprentissage littéraire, en quelque sorte. Et le dernier poème que j’ai écrit date de 1979.

 

INTERVIEWEUR : Que s’est-il passé ? Pourquoi avez-vous abandonné la poésie ?

 

AUSTER : Je me suis heurté à un mur. Pendant dix ans, j’ai concentré l’essentiel de mon énergie à la poésie, puis j’ai réalisé que j’étais vidé. Ce fut une période sombre pour moi. Je pensais que j’en avais fini avec l’écriture.

 

INTERVIEWEUR : Vous êtes mort en tant que poète, mais vous avez fini par renaître en tant que romancier. Comment pensez-vous que cette transformation a pu se produire ?

 

AUSTER : C’est arrivé quand j’ai arrêté de vouloir faire de la littérature. Cela peut sembler étrange, mais à partir de ce moment-là, l’écriture est devenue une expérience différente pour moi. Quand j’ai repris le stylo après un marasme d’un an, les mots sont sortis sous forme de prose. La seule chose qui comptait, c’était d’écrire ce que j’avais à dire, sans égard pour les conventions préétablies, sans se soucier de la forme. C’était à la fin des années 70 et depuis, j’ai continué à travailler dans cet état d’esprit.

 

INTERVIEWEUR : Votre premier livre en prose était L’Invention de la solitude, écrit entre 1979 et 1981, une œuvre de non-fiction. Après cela, vous avez produit les trois romans connus sous le nom de la Trilogie new-yorkaise. Quelles sont les différences majeures entre ces deux formes d’écriture ?



 

AUSTER : L’effort à fournir est le même. La clarté de l’écriture doit être la même. Mais une œuvre d’imagination vous offre beaucoup plus de liberté et de maniabilité qu’une œuvre de non-fiction. D’un autre côté, cette liberté peut aussi être effrayante. Que se passe-t-il ensuite dans l’histoire ? Dans une œuvre autobiographique, vous connaissez l’histoire à l’avance, mais vous avez un devoir de vérité ; cela ne facilite pas la tâche. Pour l’épigraphe de L’Invention de la Solitude, j’ai utilisé une phrase d’Héraclite : « Lorsque vous cherchez la vérité, soyez prêt à affronter l’inattendu. Car la vérité peut être difficile à trouver, et peut être déroutante lorsque vous finissez par la trouver. »

 

« Les romans sont bien sûr des fictions, et racontent donc des mensonges, mais à travers ces mensonges, tout romancier tente de dire la vérité sur le monde. »

 

INTERVIEWEUR : Il y a une phrase dans L’Invention de la Solitude que j’aime particulièrement : « L’anecdote est une forme de connaissance ». J’aime cette idée que la connaissance ne doit pas nécessairement prendre la forme de déclarations, d’énoncés ou d’explications, mais peut aussi prendre la forme d’histoires.

 

AUSTER : Je ne suis plus sûr de savoir ce qu’est la réalité. Tout ce que je peux faire, c’est parler des mécanismes de la réalité, rassembler des preuves de ce qui se passe dans le monde et essayer de les enregistrer aussi fidèlement que possible. J’utilise cette approche dans mes romans. Ce n’est pas tant une méthode qu’un acte de foi : présenter les choses telles qu’elles se produisent réellement, et non telles qu’elles sont censées se produire ou telles que nous aimerions qu’elles se produisent. Les romans sont bien sûr des fictions, et racontent donc des mensonges (au sens le plus strict du terme), mais à travers ces mensonges, tout romancier tente de dire la vérité sur le monde.

 

couverture du livre le diable par la queue

INTERVIEWEUR : Le Diable par la queue, une de vos œuvres autobiographiques, parle de vos difficultés matérielles et financières en tant que jeune homme. Qu’est-ce qui vous a poussé à aborder ce sujet ?

 

AUSTER : J’ai toujours voulu écrire sur l’argent. Pas sur la finance ou les affaires, mais sur l’expérience de ne pas avoir assez d’argent, d’être pauvre. Je réfléchissais au projet depuis de nombreuses années et, dans mon esprit, celui-ci devait être un essai très lockéen, très XVIIIe siècle, très sec. J’avais l’intention d’écrire un ouvrage philosophique sérieux, mais quand je me suis finalement assis pour commencer, tout a changé. Le livre est devenu l’histoire de mes propres soucis d’argent, et malgré la noirceur du sujet, le ton était en grande partie comique. Mais le livre ne parle pas uniquement de moi. J’en ai profité pour écrire sur des personnages hauts en couleur que j’avais rencontrés quand j’étais jeune et leur rendre leur dû. Je n’ai jamais eu envie de travailler dans un bureau ou d’occuper un emploi stable de col blanc. J’ai préféré me tourner vers des jobs plus humbles, ce qui m’a donné l’occasion de passer du temps avec des gens qui ne me ressemblaient pas. Des gens qui n’étaient pas allés à l’université ; des gens qui n’avaient pas lu beaucoup de livres. Dans ce pays, on a tendance à sous-estimer l’intelligence des gens de la classe ouvrière. D’après ma propre expérience, la plupart d’entre eux sont aussi intelligents que les gens qui dirigent le monde ; ils ne sont tout simplement pas aussi ambitieux. Mais ils possèdent une qualité supplémentaire : leurs propos sont souvent bien plus drôles.

 

INTERVIEWEUR : Les descriptions de films du Livre des illusions sont extraordinaires. Comment avez-vous procédé pour écrire ces passages ?

 

AUSTER : Il s’agit de trouver le juste équilibre. Toutes les informations visuelles – les détails physiques de l’action – devaient être présentes pour que le lecteur puisse « voir » ce qui se passait ; mais en même temps, la prose devait avancer à un rythme rapide, afin de reproduire l’expérience du visionnage d’un film, qui défile devant vous à vingt-quatre images par seconde. Trop de détails et vous vous enlisez ; pas assez, et vous ne voyez rien. J’ai dû retravailler ces pages de nombreuses fois avant d’arriver à un résultat satisfaisant.

 

INTERVIEWEUR : Le Livre des illusions raconte une histoire très complexe. Mais au fond, je dirais que c’est une exploration du deuil, ou comment continuer à vivre après la perte de quelqu’un qu’on aime. Sous un autre angle, le deuil est aussi une préoccupation centrale dans Tombouctou, n’est-ce pas ? Laissez-moi vous poser cette question autrement : pensez-vous que vous auriez pu écrire l’un ou l’autre de ces livres il y a dix ou quinze ans ?



AUSTER : J’en doute. J’ai maintenant largement dépassé la cinquantaine et les choses changent à mesure que vous vieillissez. Un simple calcul vous montre qu’il y a plus d’années derrière vous que devant vous. Votre corps commence à se dégrader, vous ressentez des douleurs qui n’existaient pas auparavant et, petit à petit, les personnes que vous aimez meurent. À cinquante ans, la plupart d’entre nous sommes hantés par des fantômes. Ils vivent en nous et nous passons autant de temps à parler aux morts qu’aux vivants. C’est difficile pour un jeune de comprendre cela. Ce n’est pas qu’un jeune de vingt ans ne sache pas qu’il va mourir, mais c’est la perte des autres qui affecte si profondément une personne plus âgée. Et vous ne savez pas ce que cette accumulation de pertes va provoquer en vous, tant que vous ne la vivez pas vous-même. La vie est courte, fragile, mystérieuse. Après tout, combien de personnes aimons-nous réellement au cours de notre vie ? Si peu. Quelques-unes à peine. Lorsque la plupart d’entre elles disparaissent, la carte de notre monde intérieur change complètement.

 

INTERVIEWEUR : Lorsque vous commencez à écrire, dans quelle mesure êtes-vous conscient de ce que vous faites ? Travaillez-vous à partir d’un plan ? Construisez-vous l’intrigue à l’avance ?

 

AUSTER : Chaque livre que j’ai écrit a commencé avec ce que j’appellerais « un bourdonnement dans la tête ». Un certain type de musique ou de rythme, un ton. Pour moi, l’essentiel consiste à essayer de rester fidèle à ce bourdonnement. C’est une entreprise très intuitive. Vous ne pouvez pas l’expliquer de manière rationnelle, mais vous savez quand vous avez joué une mauvaise note, ou quand vous avez joué la bonne.

 

INTERVIEWEUR : Faites-vous des sauts dans l’histoire pendant que vous l’écrivez ?

 

AUSTER : Non. Chaque livre commence par la première phrase, puis je poursuis jusqu’à atteindre la dernière. Toujours en séquence, un paragraphe à la fois. J’ai une idée de la trajectoire de l’histoire, mais tout change au fur et à mesure que j’avance. Aucun livre que j’ai publié ne s’est révélé être celui que je pensais écrire en commençant. Certains personnages et épisodes disparaissent ; d’autres se développent au fur et à mesure. Le livre se crée au moment où vous l’écrivez.

 

INTERVIEWEUR : Pouvez-vous revenir sur l’expression « un paragraphe à la fois » ?

 

AUSTER : Le paragraphe semble être mon unité naturelle de composition. Le vers est l’unité d’un poème, le paragraphe remplit la même fonction en prose – du moins, en ce qui me concerne. Je travaille sur un paragraphe jusqu’à ce que j’en sois raisonnablement satisfait. Je le réécris jusqu’à ce qu’il ait la bonne forme, le bon équilibre, la bonne musique. Jusqu’à ce qu’il semble sans effort, et non plus « écrit ». Ce paragraphe peut prendre une journée, une demi-journée, une heure ou trois jours. Une fois qu’il semble terminé, je le tape pour en avoir un meilleur aperçu. Ainsi, chaque livre comporte un manuscrit en cours d’exécution et un texte dactylographié à côté. Plus tard, bien sûr, je m’attaque à la page dactylographiée et j’y apporte d’autres corrections.

 

INTERVIEWEUR : Montrez-vous votre travail à quelqu’un avant qu’il ne soit terminé ?

 

AUSTER : À Siri. C’est ma première lectrice et j’ai une totale confiance en son jugement. Chaque fois que j’écris un roman, je lui en lis un extrait tous les mois environ, lorsque j’ai une nouvelle pile de vingt ou trente pages. La lecture à voix haute m’aide à objectiver le livre, à comprendre où je me suis trompé, où je n’ai pas réussi à exprimer ce que j’essayais de dire. Ensuite, Siri fait des commentaires. Cela fait maintenant vingt-deux ans que nous procédons de cette manière. Les remarques de Siri dit sont toujours remarquablement judicieuses. Il n’y a pas un livre pour lequel je n’ai pas suivi ses conseils.

 

photo de paul auster et siri hustvedt
Paul Auster et son épouse, l'écrivaine Siri Hustvedt

INTERVIEWEUR : Lisez-vous également son travail ?

 

AUSTER : Oui. Ce qu’elle fait pour moi, j’essaie de le faire pour elle. Chaque écrivain a besoin d’un lecteur de confiance, quelqu’un qui ait de l’empathie pour ce que vous faites et qui souhaite que votre travail soit aussi bon que possible. Mais il faut être honnête. C’est l’exigence fondamentale. Pas de mensonges, pas de fausses tapes dans le dos, pas d’éloges pour quelque chose qui, selon vous, ne le mérite pas.

 

« Un roman est le seul endroit au monde où deux inconnus peuvent se rencontrer dans une intimité absolue. Le lecteur et l’écrivain font le livre ensemble. »

 

INTERVIEWEUR : En 1992, vous avez dédié Léviathan à Don De Lillo. Onze ans plus tard, il vous dédie Cosmopolis. Vous entretenez une longue amitié et respectez le travail de l'autre. Quels autres romanciers contemporains lisez-vous ces jours-ci ?

 

AUSTER : Un bon nombre, probablement plus que je ne peux en compter. Peter Carey, Russell Banks, Philip Roth, E.L. Doctorow, Charles Baxter, J.M. Coetzee, David Grossman, Orhan Pamuk, Salman Rushdie. Michael Ondaatje, Siri Hustvedt… Ce sont les noms qui me viennent à l’esprit aujourd’hui, mais si vous me posiez la même question demain, je suis sûr que je vous donnerais une liste différente. Contrairement à ce que beaucoup de gens veulent croire, le roman est en grande forme en ce moment, aussi sain et vigoureux qu’il ne l’a jamais été. C’est une forme inépuisable. Quoi qu’en disent les pessimistes, le roman ne mourra jamais.

 

INTERVIEWEUR : Comment pouvez-vous en être si sûr ?

 

AUSTER : Parce qu’un roman est le seul endroit au monde où deux inconnus peuvent se rencontrer dans une intimité absolue. Le lecteur et l’écrivain font le livre ensemble. Aucun autre art ne peut faire cela. Aucun autre art ne peut capturer l’intériorité essentielle de la vie humaine.

 

INTERVIEWEUR : La Nuit de l’oracle est votre onzième roman. Est-ce qu’écrire de la fiction est devenu plus facile pour vous au fil des années ?

 

AUSTER : Je ne pense pas. Chaque livre est un nouveau livre. Je ne l’ai jamais écrit auparavant et je dois apprendre à l’écrire au fur et à mesure. Le fait que j’aie écrit des livres dans le passé ne semble y jouer aucun rôle. Je me sens toujours comme un débutant et je rencontre continuellement les mêmes difficultés, les mêmes désespoirs. Vous faites tellement d’erreurs en tant qu’écrivain, vous rayez tant de phrases et d’idées mauvaises, vous jetez tant de pages sans valeur, que finalement vous apprenez à quel point vous êtes mauvais. Ecrire est sans cesse une leçon d’humilité.

 

INTERVIEWEUR : Difficile d’imaginer que votre premier roman, Cité de verre, ait été rejeté par dix-sept éditeurs américains. Aujourd’hui, vingt ans plus tard, vos livres sont traduits dans plus de trente langues. Avez-vous déjà réfléchi à votre étrange carrière : tout ce travail acharné et cette patience, mais finalement aussi tout ce succès ?

 

AUSTER : J’essaie de ne pas y penser. C’est difficile pour moi de me regarder de l’extérieur. J’aimerais pouvoir le faire, mais je n’ai pas encore le don d’ubiquité. C’est aux autres de porter un jugement sur mon travail.

 

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Paul Auster est né en 1947 à Newark, et mort en 2024 à Brooklyn. Il est l’auteur de vingt romans, dont la fameuse Trilogie new-yorkaise (1987), Moon Palace (1989), Léviathan (1992) et plus récemment 4321 (2017). Il a également écrit treize œuvres de non-fiction dont L’Invention de la solitude (1982) et Le Diable par la queue (1997), quatre recueils de poésie, cinq pièces de théâtre, et de nombreux scénarios et traductions.


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Interview parue dans le magazineThe Paris Review, numéro de l'automne 2003.

Traduction par Christine Leang.

Pour lire l’interview complète (en anglais), cliquez ici.


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