Notre série « Comment augmenter ses chances d’être publié par une maison d’édition à compte d’éditeur ? » se poursuit avec ce nouvel article.
Les trois principaux groupes d'édition en France : Hachette Livre, Gallimard et Editis
Vous avez écrit un roman et avez évité les erreurs fréquentes des débutants. Vous avez fait relire votre texte à des beta lecteurs afin d’avoir un regard extérieur et d’obtenir des critiques constructives. Vous avez retravaillé votre manuscrit en conséquence, afin de l’améliorer. Vous vous demandez à présent quelles sont les dernières tâches à accomplir avant de l’envoyer à des maisons d’édition.
En tant que directrice de la collection Elan aux éditions Pacifica, je suis amenée à recevoir de nombreux manuscrits. En moyenne, un tiers de ces manuscrits sont non conformes aux attentes de l'éditeur en matière de mise en page et de présentation. Pour éviter de faire partie de ce mauvais tiers, je vous guide dans les dernières étapes à franchir avant l’ultime envoi qui déterminera l’avenir de votre roman.
Comment savoir si mon manuscrit est terminé ?
Avant même d’envisager l’envoi de votre manuscrit à des éditeurs, il est nécessaire de vous poser les questions suivantes : mon livre est-il vraiment terminé ? N’y aurait-il pas encore des choses à modifier ou à améliorer ? Dois-je procéder à une nouvelle réécriture ou puis-je m’arrêter là ?
En effet, n’oubliez pas que vous n’avez qu’une seule chance de convaincre les éditeurs. Une fois votre manuscrit envoyé, il n’est plus possible de revenir en arrière. Un mail intitulé « Annule et remplace… » — parce qu’entretemps vous avez relevé des coquilles inaperçues jusqu’ici, ou vous avez finalement décidé d’élaguer un paragraphe ou de supprimer un personnage — sera purement et simplement ignoré par les éditeurs. Ceux-ci croulent sous les manuscrits et ne perdront pas leur temps à faire le tri dans vos différents envois. Si vous attendez des éditeurs qu’ils vous traitent avec respect et professionnalisme, commencez par faire preuve de rigueur et professionnalisme vous-même.
A quel moment un livre est-il terminé ? La réponse à cette question n’est pas simple, et variera d’une personne à une autre, en fonction de son degré d’exigence. Mais voici quelques repères pour vous aider dans votre réflexion :
La qualité de votre manuscrit est, à vos yeux, bonne voire excellente.
Vous avez passé votre texte au peigne fin. Il ne subsiste aucune incohérence, aucun anachronisme, aucune faute d’orthographe, de grammaire ou de frappe.
Votre écrit est une retranscription fidèle de vos idées, de vos pensées, du message que vous souhaitez transmettre à vos lecteurs. Lorsque vous relisez votre texte, vous vous reconnaissez dans les mots que vous avez choisis.
Si demain, votre livre est distribué en librairie et que des lecteurs l’ont en main, vous ne ressentez aucun sentiment de honte ou de regret de ne pas l’avoir retravaillé une dernière fois.
Vous avez donné le meilleur de vous-même et vous avez la sensation qu’avec les compétences et les capacités qui sont les vôtres aujourd’hui, vous ne pourriez pas faire mieux, même si vous le vouliez.
Votre manuscrit final est au moins la cinquième version de votre texte.
Si les six précédents points sont des affirmations pour vous, alors félicitations ! Vous êtes arrivé au bout du chemin : vous êtes prêt à envoyer votre manuscrit aux maisons d’édition.

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Vous sentez que votre manuscrit comporte encore quelques faiblesses, mais vous ne parvenez pas à savoir lesquelles ? Vous manquez de recul et avez besoin d’un œil extérieur sur votre texte ? Mieux : vous souhaitez obtenir l'avis objectif d'un expert ? Faites appel à notre service de relecture de manuscrits et recevez un devis gratuit pour l’analyse complète de votre livre par un professionnel de l'écriture :
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Le plus dur est maintenant derrière vous. Il reste cependant quelques étapes, plus faciles à franchir mais tout aussi importantes, et qui sont pourtant négligées par un grand nombre de personnes. Y accorder une attention particulière vous permettra de vous démarquer parmi les milliers de manuscrits reçus chaque mois par les maisons d’édition.
Ciblez les éditeurs
N’envoyez pas votre manuscrit tous azimuts sans avoir pris le temps de vous renseigner sur les différentes maisons d’édition. En effet, il ne sert à rien d'envoyer votre roman de fantasy à une maison spécialisée dans les essais historiques, ou votre premier roman à une maison qui n'accepte que des auteurs déjà connus. Ne perdez pas votre temps, et n’en faites pas perdre aux éditeurs.
Commencez par regarder dans votre propre bibliothèque : qui sont vos auteurs favoris, ceux dont vous vous sentez proches et dont les livres appartiennent au même registre que votre écrit ? Dans quelle maison d’édition sont-ils publiés ?
Passez du temps sur le site internet des maisons d’édition. Regardez leur catalogue. Comprenez leur identité. Voyez si vous vous y reconnaissez. Puis, choisissez 4-5 maisons d’édition dont la ligne éditoriale correspond au genre dans lequel vous vous inscrivez. Ce travail est certes chronophage, mais il est nécessaire.
Vérifiez les modalités d’envoi
Une fois les maisons ciblées, cherchez sur leur site internet le type d’envoi demandé (voie postale, voie électronique ou questionnaire à remplir en ligne). Il ne sert à rien d'envoyer votre manuscrit par mail si la maison n’accepte que les manuscrits en format papier. N’envoyez pas de format PDF si un document Word est demandé.
Quelques exemples de modalités d'envoi des maisons d'édition :



Si l’envoi doit s’effectuer par voie électronique, rédigez un mail d’accompagnement sobre et courtois. Inutile d’essayer d’impressionner le destinataire par des formules originales ou stylistiques. En revanche, un manuscrit envoyé en pièce jointe sans corps de mail sera perçu comme un manque de politesse basique et mettra le destinataire dans de mauvaises dispositions.
Faut-il accompagner son manuscrit d’une biographie ou d’une présentation de l’auteur ?
Exigée dans le monde de l’édition anglo-saxon, la pratique fait débat parmi les maisons d’édition françaises. Si certaines l’accueillent avec curiosité, d’autres perçoivent ce document comme superflu voire signe d’arrogance. Ce sont vos qualités littéraires et votre texte qui intéressent avant tout les éditeurs, pas votre personne.
Ma recommandation est donc de s’abstenir d’envoyer une présentation de vous-même, sauf si la maison d'édition en fait explicitement la demande, ou si un élément particulier dans votre parcours personnel vous confère une légitimité par rapport à votre manuscrit. Par exemple, si vous êtes un médecin à la retraite et que votre roman raconte le combat d’un personnage atteint d’une maladie rare, alors il peut être intéressant de mentionner votre ancien métier dans votre mail. Ou si vous avez écrit un roman sur le génocide khmer rouge et que vous êtes vous-même un rescapé de ce génocide, alors cette information pourrait jouer en votre faveur. En revanche, si vous avez écrit un récit qui se déroule dans une école, il n’est pas utile de préciser que vous avez été vous-même élève dans le passé ! Dans tous les cas, soyez concis. Votre biographie, si vous décidez d’en joindre une, ne doit pas dépasser la centaine de mots.
Comment mettre en page son manuscrit ?
La mise en page de votre manuscrit – ou tapuscrit, pour la version électronique – peut sembler une simple formalité ; pourtant, elle peut vous coûter votre chance d’être édité si elle ne respecte pas un certain nombre de normes.
En effet, l’une des premières choses que fait un éditeur lorsqu’il reçoit un manuscrit est de feuilleter le document pour en vérifier la mise en page. Certains éditeurs rejettent automatiquement tous les manuscrits dont la mise en page n’est pas conforme aux normes de l’industrie, avant même d’en avoir lu le moindre mot. Ne commettez donc pas l’erreur de bâcler l’étape de la mise en page car elle pourrait vous être fatale.
Commencez par vérifier quelles sont les attentes des éditeurs. Certaines maisons d’édition ont leurs propres règles en matière de mise en page. Dans ce cas, ces règles sont généralement spécifiées sur le site internet de la maison d’édition, dans la section « Soumettre un manuscrit » ou « Contact ». Prenez-le temps de consulter en détail leurs sites internet.

Si rien n’est mentionné, voici, par défaut, comment mettre en page son manuscrit :
Dans votre traitement de texte :
Marges de 3 cm minimum ;
Pages numérotées ;
Police Times New Roman taille 12 ou Arial taille 11 (pas de police d’écriture fantaisiste) ;
Interligne 1,5 ou 2 (jamais moins) ;
Alinéa de 0,5 à 1cm au début de chaque paragraphe ;
Page de garde contenant :
Prénom et nom de l'auteur (et/ou pseudo) ;
Titre de l'ouvrage ;
Genre de l’ouvrage (roman, essai, recueil de nouvelles, etc.)
Nombre de mots et de signes ;
Adresse postale ;
Adresse mail ;
Numéro de téléphone (important : si vous êtes retenu, il se peut que l'éditeur vous appelle directement. Si vous ne l'êtes pas, vous ne recevrez rien, ou au mieux, une lettre de refus par courrier postal).

Certaines maisons d’édition exigent l’envoi du manuscrit imprimé (en format papier) par courrier postal. Dans ce cas :
Prévoyez une marge plus grande sur le côté gauche (4 cm par exemple) pour la reliure ;
Imprimez sur le recto uniquement (jamais en recto verso, même pour faire des économies de papier).
Privilégiez une couverture transparente plastifiée pour la première page, et une couverture cartonnée colorée pour la dernière page.
⚠️ À bannir :
Première de couverture illustrée par l'auteur lui-même ;
Quatrième de couverture écrite par l’auteur lui-même ;
Remerciements ;
Dédicace en exergue ;
Mise en page au format « roman », comme dans un « vrai » livre.
Toutes ces pratiques passent pour de la prétention aux yeux des éditeurs (l’auteur « s’y croit déjà »).
Un dernier conseil
Avant l’impression éventuelle et l’envoi de votre manuscrit, je ne saurais que trop vous recommander de procéder à une énième relecture (même si vous avez déjà relu votre texte vingt fois) afin de traquer les dernières coquilles restantes (il en demeure toujours !).
En effet, penser que quelques fautes de frappe ou de grammaire ne sont pas la mère à boire — l’éditeur a bien un correcteur qui s’occupera de corriger le texte — est une erreur. Ce n’est pas le travail des éditeurs de corriger vos textes, mais bien le vôtre. Les éditeurs attendent des textes aboutis, finis, prêts à être imprimés. Lorsqu’ils lisent des textes bâclés, ils ne pensent pas : « Ce texte a du potentiel ; il y a quelques fautes, mais l’auteur les corrigera plus tard. » Ils se disent plutôt : « Encore un amateur qui n'a pas fait l'effort de se relire. C’est un manque de respect pour la profession. » Envoyer un texte qui n’a pas été corrigé vous fera passer pour un amateur et cela pourrait vous coûter un éventuel contrat d’édition.
Ne bâclez donc pas cette ultime étape. Prenez tout le temps nécessaire pour réaliser ce dernier travail. Ne soyez pas dans l’empressement ou la précipitation.
Et après ?
Une fois votre manuscrit envoyé, soyez patient. La plupart des maisons d’édition ont un délai de réponse compris entre deux et six mois. Pendant cette attente, commencez un nouveau roman !
L’écriture exige de la persévérance avant de porter ses fruits. Quelle que soit la discipline, artistique ou sportive par exemple, on imagine difficilement un amateur remporter les concours les plus prestigieux dès sa première tentative. Alors pourquoi croire qu’un écrivain serait immédiatement reconnu ?
On l’ignore souvent, mais bon nombre d’auteurs n’ont connu le succès qu’après de nombreuses tentatives :
J.K. Rowling a essuyé douze refus avant que le premier tome de la saga Harry Potter soit accepté ;
Les trois premiers romans de Stephen King ont tous été rejetés avant que l’auteur ne devienne le roi du genre de l’horreur ;
Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell a remporté le Prix Pulitzer en 1937, mais seulement après que trente-six maisons d’édition l’ont refusé ;
Marcel Proust, après avoir été refusé par Gallimard, a choisi l’édition à compte d’auteur, avant d’être publié chez Grasset.
Si vous ne recevez que des refus pour votre manuscrit, ne vous découragez pas. Retravaillez-le, écrivez-en un autre, continuez d’écrire le plus possible ! Le travail et la persévérance finissent toujours par payer. 😉
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