Nous poursuivons notre série « Comment augmenter ses chances d’être publié par une maison d’édition à compte d’éditeur ? » avec ce deuxième billet de blog.
Avant de l’envoyer à des maisons d’édition, il est impératif de faire relire son manuscrit par des bêta lecteurs, pour le soumettre à un regard extérieur. Comme mentionné dans notre précédent article, beaucoup d’écrivains amateurs commettent l’erreur d’envoyer un premier jet, c'est-à-dire un manuscrit qui n’a pas été retravaillé et donc non abouti.
Pourquoi faire relire son manuscrit par des bêta lecteurs ?
Grâce à leur regard extérieur, les bêta lecteurs vous aideront à déceler les faiblesses de votre manuscrit qui vous ont échappé. En effet, ce qui est parfaitement clair pour vous ne l’est pas nécessairement pour les autres. Parfois, les passages dont vous êtes le plus satisfait sont précisément ceux que les lecteurs apprécieront le moins. Recevoir plusieurs avis objectifs sur votre manuscrit est donc nécessaire pour vous assurer de sa clarté et de sa qualité.
Comment choisir ses bêta lecteurs ?
L’idéal est d’être lu par un éditeur, un auteur aguerri ou un relecteur professionnel. Le regard d’un expert est toujours objectif, détaillé, précis et avisé. L’expérience accumulée par la lecture de centaines de manuscrits permet aux professionnels du métier de porter un jugement affiné, tant sur le plan de la technique narrative que celui de la langue. Ainsi, André Malraux était le bêta lecteur d’Albert Camus pour L’Étranger, et Gustave Flaubert celui de Guy de Maupassant pour l’ensemble de ses écrits.
Avant de demander l’expertise d’un relecteur professionnel, vous pouvez aussi vous tourner vers des personnes qui ne sont pas du métier, et dont vous pensez que la lecture attentive et les retours critiques seront utiles.
⚠️ La famille et les amis ne sont pas les meilleures personnes à qui demander une bêta lecture. Pourquoi ? Parce que leurs retours seront rarement constructifs, en raison de leur manque d’objectivité à votre égard. A ce stade, vous n’avez plus besoin d’encouragements du type « C’est très bien » ou « J’ai adoré », mais bien d’un œil critique pour déceler les points qu’il reste à retravailler.
Voici quelques conseils pour choisir vos bêta lecteurs :
Le bêta lecteur idéal :
lit beaucoup, depuis de nombreuses années. En lui donnant à lire votre manuscrit, vous ne lui demandez pas un effort insurmontable car lire est une seconde nature chez lui. Il sait dire s’il a aimé un livre ou pas, et il peut expliquer pourquoi.
possède un esprit critique. Une personne qui vous dit simplement que votre roman est « génial » n’est pas un bon bêta lecteur. Un bon bêta lecteur est capable de vous faire des remarques précises et étayées. Par exemple : « Je ne me suis pas attaché aux personnages car ils n’étaient ni visibles, ni crédibles » ; « Le début était accrocheur, mais à la page 50, mon intérêt a commencé à faiblir. J’ai dû m’accrocher pour poursuivre la lecture, mais ça allait mieux à partir de la page 100 » ; « Parfois, j’ai eu la sensation que c’était l’auteur qui se mettait à parler, et non les personnages ou le narrateur » ; « J’étais perdu dans la chronologie » ; etc.
est honnête et sincère. Il ne cherche pas à vous faire plaisir, mais a à cœur de vous aider à écrire le meilleur roman possible. Il sait trouver les bons mots pour critiquer votre livre ; ainsi, vous savez que ce n’est pas vous qu’il juge, mais votre texte.
A quel moment demander une bêta lecture ?
S’il est tentant de partager des extraits de son premier jet avec des proches, dans l’espoir d’obtenir un mot d’encouragement de leur part, cette pratique est déconseillée car elle manque de pertinence.
En effet, recevoir des avis sur un texte qui n’est qu’à l’état d’ébauche, que vous allez retravailler maintes fois avant de lui donner sa forme finale, est contre-productif. Non seulement vous donnez à lire un texte plein de défauts (ce qui n’est pas des plus agréables pour le lecteur), mais en plus, celui-ci risque de vous faire des remarques sur des parties que vous auriez de toute façon retravaillées dans une version ultérieure.
« Je veux que mes erreurs deviennent évidentes pour moi avant que quelqu’un d’autre n’ait à souffrir en les lisant, donc je ne ressens jamais le besoin de faire lire quoi que ce soit avant un long moment. »
Jeffrey Eugenides dans une interview pour The Paris Review, août 2011.
Le meilleur moment pour faire lire votre manuscrit est donc celui où vous ne voyez plus ce que vous pourriez améliorer dans votre texte. Vous l’avez déjà tellement relu et retravaillé que vous ne parvenez plus à prendre de recul et à voir les faiblesses restantes.
Combien faut-il de bêta lecteurs ?
Entre trois et cinq bêta lecteurs serait idéal. Obtenir plusieurs avis vous aidera à savoir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas dans votre roman. Des avis qui se recoupent sont tout aussi intéressants que des avis tranchés. Par exemple, il se pourrait que vos cinq bêta lecteurs s’accordent à dire que votre scène d’ouverture est accrocheuse ; mais que trois d’entre eux n’aient pas compris le dénouement, tandis que les deux autres l’ont trouvé particulièrement réussi.
Un grand nombre de bêta lecteurs n’est pas utile car vous risqueriez de vous perdre au milieu de toutes les remarques reçues.
Mettez-vous en quête de vos bêta lecteurs :
Dressez une liste des candidats potentiels à cette tâche ardue et gratifiante qu’est la bêta lecture. Pour le moment, soyez exhaustif.
Faites un premier tri : ne retenez que les personnes qui semblent correspondre aux trois critères cités ci-dessus (« Le bêta lecteur idéal lit beaucoup, possède un esprit critique, est honnête et sincère »).
Contactez chacune de ces personnes et formulez une demande précise : expliquez-leur l’importance que ce projet revêt à vos yeux, dites-leur ce que vous attendez d’eux, donnez-leur un délai. Laissez-les libres d’accepter ou de refuser cette mission : un lecteur qui ne s’investit qu’à moitié (par manque de temps, d’intérêt ou de motivation) ne sera pas un bon bêta lecteur.
Et après la bêta lecture ?
Une fois que vos bêta lecteurs vous ont fait part de leurs commentaires, remerciez-les pour leur précieux temps, et soyez ouverts à toutes leurs critiques constructives. Même si certaines remarques ne sont pas agréables à entendre, elles sont toujours destinées à vous faire progresser.
Ensuite, c’est à vous de décider ce que vous choisissez de retravailler ou de laisser en l’état. Vous n’êtes pas obligé de tenir compte de l’intégralité des remarques de vos bêta lecteurs. Vous pouvez décider d’en intégrer certaines et pas d’autres, en fonction de votre intention de départ. Suivez votre intuition et faites preuve de discernement. Mais gardez toujours à l’esprit que si vos bêta lecteurs ont souligné telle phrase à éclaircir ou tel aspect à développer, c’est que ces points-là nécessitent au moins une nouvelle réflexion de votre part.
Retravaillez votre manuscrit en conséquence. Accordez autant de temps que nécessaire à cette étape. Il est fréquent, et même recommandé, de produire alors plusieurs nouvelles versions de son manuscrit : un deuxième jet pour renforcer les faiblesses structurelles, un troisième jet pour approfondir les personnages, un quatrième jet pour améliorer le rythme, un cinquième pour travailler le style, etc.
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Dans un prochain billet de blog, nous verrons à quel moment envoyer son manuscrit et comment le présenter, pour convaincre une maison d’édition de le publier.
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